Et je l’imagine

Elle me montre ses deux jouets posés sur son lit.
L’un est rose comme une sucrerie, l’autre est mat et doré, fait pour être tenu en main, une ergonomie du plaisir, tout en rondeurs.
L’un deviendra, au cœur de sa chair, une vibration sourde, l’autre pulsera, comme un autre cœur, sur sa chair à vif.
Elle me montre les multiplicateurs de son plaisir. Ils ne le créent pas, ils ne lui arrachent pas, ils le subliment. Elle me montre ce qu’elle ne montre qu’à peu d’autres.
Et je l’imagine.
Non pas son corps mais sa voix, son souffle. Je m’imagine les yeux clos, assis dans cette chambre, à quelques pas du lit essayant de percevoir le moindre bruits, les moindres mouvements de son corps, les gémissements, les mots à peine articulés, les sons du plaisir qu’elle se donne. Je m’imagine essayer de percevoir les pics et les plateaux, les changements d’intensité et de programmes, lorsqu’elle se cambre ou qu’elle tend peut-être la nuque pour regarder son sexe pris d’assaut par ses soldats de silicone et de silicium. J’imagine son regard brillant, ses lèvres mordues, ses seins pressés et ses mamelons pincés. J’imagine qu’elle me dit enfin, essoufflée et décidée : “Regarde moi !” m’autorisant à la voir jouir du dernier orgasme, celui qui la mettra à terre. M’autorisant à fixer ses yeux qui peut être resteront ouverts quand elle sera totalement posséder par la jouissance, quand celle-ci ne sera tout ce qui compte, le seul but possible à cet instant, une miette d’éternité entre torture et délivrance.

Je l’imagine retombant haletante, un sourire aux lèvres, me demandant doucement de venir m’allonger à ses côtés pour s’endormir dans mes bras pendant que je caresse ses cheveux et me laisse bercer par son souffle.
Elle dort dans le soleil, la main sur sa poitrine.
Tranquille.
Il y a deux jouets posés à son côté.

Publié par Sasha A.

Je mens puis j'écris. Ou l'inverse.

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